Le Shopper est l'individu qui fait les courses et s'occupe de l'approvisionnement du foyer. Si faire les courses est une activité des plus ordinaires, elle ne concerne pas uniformément tous les individus. Au sein du foyer, cette activité n'est pas équitablement répartie. Les femmes font plus souvent les courses que les hommes. Le Shopper serait donc avant tout une femme. Faire l'investigation de la figure du Shopper est une tâche difficile. Il y a des résistances psychologiques qui empêchent les individus de se pencher sur cette activité de shopping qui à bien des égards, présente l'aspect d'un matérialisme joyeux et gratifiant dont on abuse volontiers.
Pour Daniel Miller, faire les courses, c'est faire l'amour dans les supermarchés. La femme qui prépare des plats différents pour les membres de sa famille en fonction des préférences de chacun marque son souci de faire plaisir. Elle peut aussi, acheter des vêtements qui ne sont pas ceux préférés par ses enfants mais qui correspondent mieux à l'image qu'elle se fait de leur éducation et de leur position dans la société. Cette femme investit un rôle domestique. Les activités de shopping sont une manière de manifester l'amour d'une femme pour les membres de son foyer. Il faut bien prendre conscience que les produits achetés ne sont pas simplement la manifestation de l'amour porté. Le fait d'acheter des produits est pour le shopper une manière de faire l'amour, car cette activité génère ses propres gratifications. Ces femmes expriment une véritable dévotion pour leur famille, dévotion empreinte de rites et de sacrifices. Cette situation est un arrangement familial, une négociation souvent implicite qui porte sur les rôles domestiques. Pour Miller, "l'incapacité à créer du lien avec les gens signifie habituellement l'incapacité à créer du lien avec des produits".
